Dans un monde en perpétuelle évolution, il existe encore des ethnies aux modes de vie bien distinct qui ne connaissent ni crise ni croissance.
Les Mokens, souvent plus connus sous le nom de « Gitans de la mer » auraient migré du sud de la Chine vers la Malaisie, la Thaïlande et la Birmanie il y a environ 4000 ans. Tout comme les Orang Laut, les Urak Lawoi ou encore les Moklende, avec qui elle partage ses pratiques culturelles, cette ethnie est d’origine austronésienne (famille de langues qui s’étend de Madagascar à l’île de Pâques et de Taïwan à la Nouvelle Zélande – langue autrefois appelé Malayo – Polynésien).
Ce peuple, plutôt sédentaire à l’origine, s’est incroyablement bien adapté à son nouvel environnement. Se déplaçant selon les vents et les courants, les gitans de la mer naviguent en flottille sur des embarcations traditionnelles en bois nommées kabang, parmi les huit cents îles qui forment l’archipel des Mergui. Ces bâtisseurs de maisons-bateaux voguent d’îlot en îlot à la recherche de subsistance, ou encore, par soucis de préserver leur santé ou sécurité. Lors des fortes pluies de la mousson du Sud-ouest, il arrive que ces gitans de la mer se « sédentarisent » pour quelques mois, dans des maisons de fortune sur pilotis, souvent situées à l’Est des îles, à l’abri des vents violents de cette saison.
De croyances chamanique et animiste, les Mokens ont développé un lien très particulier avec la mer et la nature. Ils ont su adapter leur vision sous-marine et utilisent leurs aptitudes visuelles particulières en plongeant pour pêcher sur les fonds marins. Ce lien si profond aurait même permis à certaines tribus d’échapper aux vagues dévastatrices du tsunami du 26 Décembre 2004.
Malheureusement le nombre de Mokens nomades aurait fortement diminué ces dernières années. Dix milles au début du siècle, il ne serait plus que quelques centaines à vivre selon les traditions Mokens – essentiellement en Birmanie. Face à la pression des gouvernements Thaïlandais et Birmans méfiants de leur mode de vie indépendant, à la régulation politique post tsunami, au développement touristique et à la pêche industrielle, une majorité de ces citoyens sans frontières ont été forcés de se sédentariser dans des parcs nationaux où il leur est impossible désormais de pratiquer leurs rites traditionnels.
Fort heureusement, quelques familles d’irréductibles résistent à la globalisation et continuent de pratiquer leurs traditions, leurs kabangs naviguant sur les eaux limpides de l’archipel des Mergui. L’océan est tout leur univers, le bateau leur maison et la mer leur pays. Mais pour combien de temps encore ?
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